L’argenterie est bien plus qu’un simple art de la table. Elle est le reflet des goûts, des mœurs et du raffinement de chaque époque. Derrière chaque pièce se cache un style, une époque, un artisan, une histoire. Couverts, plats, bougeoirs, soupières ou timbales : tous ces objets ont traversé les siècles, et leurs formes comme leurs ornements en disent long sur les périodes qui les ont vus naître. Explorons ensemble les grands styles d’argenterie qui ont marqué l’histoire de l’art décoratif.
La Renaissance (16e siècle) : l’exubérance symbolique
La Renaissance marque un tournant dans l’art européen. L’orfèvrerie se renouvelle sous l’influence des modèles antiques redécouverts en Italie. L’argenterie devient alors un véritable support d’expression artistique. Les formes se complexifient, les décors s’enrichissent de scènes mythologiques, de figures humaines, d’animaux fabuleux et de rinceaux. Les objets en argent ne sont plus uniquement utilitaires : ils deviennent des symboles de culture, de richesse et de pouvoir. C’est l’époque où les grandes familles princières collectionnent des pièces somptueuses, véritables œuvres d’art.
Le style Louis XIV (fin 17e - début 18e siècle) : faste et rigueur
Sous le règne de Louis XIV, l’argenterie atteint une splendeur inégalée. L’esprit classique du Grand Siècle se retrouve dans l’équilibre, la symétrie et la rigueur des formes. Les pièces sont souvent massives, structurées, pensées pour impressionner. Les ornementations empruntent à l’architecture classique : volutes, feuillages stylisés, palmettes, masques solaires. À Versailles comme dans les grandes maisons aristocratiques, les tables deviennent des théâtres d’apparat. L’argenterie, par son poids et sa brillance, est un moyen d’affirmer son rang social.
Le style Rococo (Louis XV - milieu 18e siècle) : légèreté et fantaisie
En réaction à la solennité du style Louis XIV, le style Louis XV (ou rococo) introduit une nouvelle grâce. Les lignes se libèrent, deviennent sinueuses, asymétriques, vivantes. Les motifs naturels – fleurs, coquillages, feuillages – s’épanouissent avec sensualité. L’argenterie devient plus intime, moins monumentale, en accord avec l’esprit galant et raffiné des salons de l’époque. Les pièces sont délicates, parfois facétieuses, et révèlent le génie des orfèvres de l’époque, capables de ciseler l’argent avec une finesse inégalée.
Le style Néoclassique (Louis XVI - fin 18e siècle) : retour à l’ordre
À la fin du XVIIIe siècle, les goûts évoluent vers une esthétique plus sobre, inspirée de l’Antiquité. Ce retour à l’ordre correspond à l’émergence du style Louis XVI, ou néoclassique. Les formes s’épurent, les motifs sont plus géométriques, plus symétriques. On voit apparaître des frises, des guirlandes, des colonnes, des médaillons. L’argenterie de cette époque incarne un idéal de clarté et de mesure. Elle séduit encore aujourd’hui par son élégance discrète et intemporelle.
Le 19e siècle : entre tradition et innovation
Le XIXe siècle est marqué par une incroyable diversité de styles, reflet des bouleversements politiques et industriels de l’époque. Le goût historiciste domine : les orfèvres s’inspirent librement du passé (gothique, Renaissance, orientalisme…) tout en expérimentant de nouvelles formes. L’industrialisation permet la production en série et la démocratisation de l’argenterie, notamment via l’argent plaqué (ou métal argenté). Les classes bourgeoises adoptent l’argenterie comme signe de réussite. C’est aussi l’époque des grands services de table, aux multiples pièces spécialisées, témoins d’un art de vivre codifié.
Le style Art Nouveau (fin 19e - début 20e siècle) : nature en mouvement
L’Art Nouveau rompt avec l’éclectisme du siècle précédent. Il prône un retour à la nature et à l’artisanat. L’argenterie s’inspire de formes végétales et organiques : tiges, feuilles, fleurs, insectes. Les lignes deviennent fluides, presque oniriques. L’argent se plie à la fantaisie des artistes et orfèvres comme Gallé ou Lalique, qui créent des pièces à la fois fonctionnelles et poétiques. Ce style éphémère, mais marquant, continue de séduire les collectionneurs par son originalité.
Le style Art Déco (années 1920-1930) : géométrie et élégance moderne
Après les courbes de l’Art Nouveau, l’Art Déco revendique des formes nettes, précises, puissantes. Ce style emblématique des Années folles puise dans les lignes droites, les motifs géométriques, les contrastes de matières. L’argenterie devient plus épurée, mais non moins luxueuse. Les pièces de cette époque peuvent mêler argent, laque, bois précieux, galuchat… On cherche l’équilibre entre fonctionnalité, modernité et raffinement. Le style Art Déco reste aujourd’hui très prisé, notamment dans les ventes aux enchères.
Aujourd’hui : entre héritage et création contemporaine
Au XXIe siècle, l’argenterie continue de faire rêver. Certains orfèvres perpétuent les traditions anciennes, tandis que d’autres innovent avec des lignes résolument modernes. L’argenterie contemporaine peut être minimaliste, sculpturale ou design, mais elle s’inscrit toujours dans une filiation artistique. Dans une société en quête d’authenticité, l’attrait pour l’argenterie ancienne revient en force : on chine, on restaure, on transmet. Chaque pièce ancienne retrouve une seconde vie, sur une table ou dans une vitrine.
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Conclusion
L’argenterie est un art de vivre, mais aussi un témoignage précieux de l’histoire. En apprenant à reconnaître les styles qui la traversent, on découvre bien plus qu’un objet : on entre dans un monde fait de gestes, de savoir-faire, de goût et de mémoire.
Redécouvrir, collectionner ou transmettre ces objets en argent, c’est participer à la préservation d’un patrimoine vivant, que des experts comme Bart Invest ont à cœur de valoriser au fil du temps.